5.1.1 Préambule

Un aperçu du fonctionnement cellulaire, du mécanisme de la contraction ventriculaire et de la régulation hémodynamique est nécessaire pour en comprendre les dérèglements. Ce chapitre est donc consacré à une revue succincte de la physiologie cardiovasculaire, ainsi qu’à un rappel de la physiopathologie de l’insuffisance ventriculaire et de l’ischémie myocardique. Le fonctionnement cardiaque est envisagé en relation avec les vaisseaux qui l’alimentent (remplissage) ou dans lesquels il éjecte (couplage ventriculo-artériel), ainsi qu’en interaction avec la respiration et la ventilation mécanique. Comme les traités d’électrocardiographie sont nombreux et le plus souvent excellents, l’électrophysiologie n’est pas abordée dans ce chapitre (voir Chapitre 20 Anesthésie et arythmies). 
 
Le propos de ces quelques éléments de physiologie est de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques en jeu afin d’assurer une meilleure prise en charge des patients en anesthésie et en réanimation. Un exemple tiré de l'aviation civile illustre ce besoin de connaître les processus de base de l'organisme. Le rapport d'enquête sur le crash du vol Rio-Paris (1er juin 2009) révèle que les pilotes n'ont pas saisis les phénomènes déclenchés par le givrage des sondes de vitesse et n'avaient pas des connaissances suffisantes de l'aérodynamique en altitude pour corriger adéquatement la situation: "La compréhension de la physique globale du vol à haute altitude par une approche synthétique des bilans énergétiques, équilibres de forces, plafond de sustentation et propulsion, aurait pu considérablement aider les pilotes à anticiper la dégradation rapide de la situation et à prendre à temps la mesure correctrice adéquate" [1]. Cette conclusion tragique s'applique parfaitement à l'anesthésie. Elle éclaire le besoin, pourtant évident, d'avoir une bonne connaissance du fonctionnement des systèmes organiques avec lesquels on interfère lorsqu'on endort un malade déjà compromis et qu'on le ventile en pression positive. Or un événement inattendu et souvent inconnu survient dans environ ans 4% des cas d'anesthésie [2]. Dans ces situations, seule une compréhension approfondie des mécanismes en jeu permet de gérer le dysfonctionnement et d'éviter l'accident.
 

© CHASSOT PG  Août 2010, dernière mise à jour Novembre 2018


Références 
 
  1. BEA – Bureau d'Enquête et d'Analyse pour la sécurité de l'aviation civile. Ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie. Rapport final sur l'accident survenu le 1er juin 2009 à l'Airbus A330-203 immatriculé F-GZCP exploité par Air France, vol AF 447 Rio de Janeiro – Paris. Paris, juillet 2012
  2. STAENDER SEA. Incident reporting in anaesthesiology. Best Pract Clin Res Anaesthesiol 2011; 25:207-14