Comme dans la tamponnade, le volume systolique est fixe et bas; mais à l’inverse de celle-ci, le remplissage cardiaque a lieu en diastole ; de ce fait, la tachycardie est mal supportée. La même règle du plein – fermé s’applique ici, mais il faut veiller à maintenir une fréquence peu élevée. La tolérance à la ventilation mécanique se juge par l’évolution de la pression artérielle lors d’une manoeuvre de Valsalva ; ceci impose de placer le cathéter artériel avant l’induction. Toutefois, il n’est guère concevable de laisser le patient en ventilation spontanée tout le temps nécessaire à la libération de la gangue péricardique; la curarisation s’impose rapidement.
La péricardectomie présente une mortalité opératoire de 5-15%, qui est la plus élevée dans la péricardite postactinique (21%) et dans la péricardite tuberculeuse (16%) [1,5]. L’intervention se pratique par sternotomie. Elle nécessite des manipulations du coeur qui induisent des arythmies dangereuses. La fonction myocardique est fréquemment diminuée par la maladie de base (myocardite, pancardite). Peler la gangue péricardique provoque un saignement diffus qui conduit à administrer plusieurs culots sanguins et souvent du fibrinogène et/ou des facteurs de coagulation. Une hémorragie cataclysmique peut être causée par une perforation cardiaque accidentelle ; cette menace est constante pendant toute la dissection. Comme les zones des nerfs phréniques et des troncs coronariens doivent être évitées, la péricardectomie n'est jamais totale: la résection comporte un plastron antérieur entre les nerfs phréniques, complété par un volet latéral et un volet diaphragmatique [3]. Les manipulations et les compressions du cœur en cours d'intervention sont la source d'une grande instabilité hémodynamique et d'un bas débit cardiaque [4]. Après résection du péricarde, l’hémodynamique n’est pas promptement rétablie comme dans la tamponnade à cause de la dilatation ventriculaire et de la fréquente myocardite concomitante qui diminue la fonction systolique. Une dysfonction diastolique persiste dans la moitié des cas [2]. Un soutien inotrope est fréquemment nécessaire.
Péricardectomie |
Mortalité opératoire : 5-15%. Caractéristiques de l’intervention :
- Risque d’arythmies
- Risque hémorragique élevé
- Maintien de la précharge et de la postcharge (plein et fermé), mais fréquence normale à cause du remplissage essentiellement diastolique
- Curarisation et ventilation contrôlée requise pour la durée de l’opération, la décompression étant progressive
- Persistance d’une dysfonction diastolique
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© CHASSOT PG, Décembre 2007, Dernière mise à jour, Décembre 2019
Références
- GILLASPIE EA, STULAK JM, DALY RC, et al. A 20-year experience with isolated pericardiectomy: analysis of indications and outcomes. J Thorac Cardiovasc Surg 2016; 152:448-58
- GROCOTT HP, GULATI H, SRINATHAN S, MACKENSEN B. Anesthesia and patient with pericardial disease. Can J Anaesth 2011; 58:952-66
- HEMMATI P, GREASON KL, SCHAFF HV. Contemporary techniques of pericardiectomy for pericardial disease. Cardiol Clin 2017; 35:559-66
- SYED FF, SCHAFF HV, OH JK. Constrictive pericarditis – a curable diastolic heart failure. Nat Rev Cardiol 2014; 11:530-44
- TUNA IC, DANIELSON GK. Surgical management of pericardial disease. Cardiol Clin 1990; 8:683-98