L'échocardiographie est née en 1953 lorsque I. Edler, un cardiologue suédois, esseya sur lui-même un détecteur à ultrasons utilisé pour la recherche des défauts dans les alliages métalliques et découvrit les mouvements des parois cardiaques avec un appareil qui ne montrait que les déplacements linéaires des structures (mode temps-mouvement ou TM). L’idée de mettre un capteur TM sur une sonde oesophagienne revient à L. Frazin en 1976, qui obtint ainsi des images d’une exceptionnelle qualité. En 1980, cette échocardiographie transoesophagienne (ETO) a été introduite pour la première fois en salle d’opération [4] ; deux ans plus tard, P. Hanrath monta sur un gastroscope un capteur à balayage de phase qui permit le développement de l’imagerie bidimensionnelle [6]. Les premières sondes étaient monoplan, puis biplan, et finalement multiplan dès 1992. En 1992, N. Pandian réalisa la première imagerie tridimensionnelle transoesophagienne [5]. Dès le milieu des années quatre-vingt, plusieurs services ont intégré l'ETO comme routine en chirurgie cardiaque, et dans les années quatre-vingt-dix la technique est devenue le "state-of-the-art" en anesthésie cardiaque. Depuis lors, l’appareillage s’est constamment miniaturisé et perfectionné avec l’introduction progressive de nouvelles technologies : détection automatique des contours, amélioration automatique des images, Doppler tissulaire, multi-processing et imagerie tridimensionnelle en temps réel en 2007 [3]. Depuis une quinzaine d'années, le stockage numérique sur des serveurs sécurisés de grande capacité a remplacé l’enregistrement sur bande vidéo. De nombreux programmes permettent l'édition d'un rapport automatique incluant toutes les données de l'examen. Toutefois, le partage des boucles en mouvement pose un problème de compatibilité entre différents systèmes. Le langage DICOM (Digital Imaging and Communication in Medicine) est en principe commun à toute l'imagerie médicale, mais la compression en format AVI pour les ordinateurs donne lieu à certaines incompatibilités.
Par sa vision directe de l’anatomie et des mouvements cardiaques, l’ETO s'est peu à peu imposée comme la technique de choix pour l'examen fonctionnel du coeur en continu pendant la chirurgie, malgré son coût élevé (de 50'000 à 300'000 € selon les instruments) et la formation importante demandée pour son interprétation. Elle s’est révélée être la technique la plus sûre, la plus rapide et la plus fiable de diagnostiquer la plupart des problèmes hémodynamiques per- et post-opératoires [1].
La voie transoesophagienne est particulièrement bien adaptée à la situation des malades intubés, que ce soit en salle d’opération, au déchocage ou aux soins intensifs. Elle offre des images plus simples à obtenir et de meilleure qualité que la voie transthoracique ; elle peut se dérouler sans géner l’activité chirurgicale ni la réanimation. L’apport de l’échocardiographie en anesthésie porte sur plusieurs points principaux.
Par sa vision directe de l’anatomie et des mouvements cardiaques, l’ETO s'est peu à peu imposée comme la technique de choix pour l'examen fonctionnel du coeur en continu pendant la chirurgie, malgré son coût élevé (de 50'000 à 300'000 € selon les instruments) et la formation importante demandée pour son interprétation. Elle s’est révélée être la technique la plus sûre, la plus rapide et la plus fiable de diagnostiquer la plupart des problèmes hémodynamiques per- et post-opératoires [1].
La voie transoesophagienne est particulièrement bien adaptée à la situation des malades intubés, que ce soit en salle d’opération, au déchocage ou aux soins intensifs. Elle offre des images plus simples à obtenir et de meilleure qualité que la voie transthoracique ; elle peut se dérouler sans géner l’activité chirurgicale ni la réanimation. L’apport de l’échocardiographie en anesthésie porte sur plusieurs points principaux.
- Diagnostic étiologique d’une instabilité hémodynamique.
- Monitorage hémodynamique dans quatre domaines:
- Anatomie fonctionnelle;
- Fonction ventriculaire;
- Volémie;
- Ischémie.
- Applications spécifiques à la chirurgie cardiaque:
- Evaluation anatomo-pathologique avant la correction chirurgicale, avec ou sans circulation extra-corporelle (CEC);
- Contrôle de la reconstruction après CEC;
- Débullage en fin de CEC;
- Positionnement de canules, d'endoprothèses valvulaires (TAVI), etc;
- Mise en place et surveillance des dispositifs d'assistance ventriculaire mécanique.
- Enseignement de l’hémodynamique et de la cardiologie de base.
- Recherche clinique.
Par ailleurs, l'ETO s'avère être un outil remarquablement utile dans toute une série d'applications annexes: positionnement de cathéters veineux centraux, contrôle de mise en place d'endoprothèses aortiques, surveillance d'embolisation pulmonaire (air en position assise, fragments médullaires lors d'ostéosynthèse de fractures pathologiques), etc [2].
Après une introduction à la physique des ultrasons, ce chapitre comprend une description de l’examen ETO normal et de ses applications pour le monitorage ou le diagnostic (fonction ventriculaire, volémie, calculs hémodynamiques), ainsi qu’une évaluation de son impact en chirurgie cardiaque, en soins intensifs et au déchocage. Il comprend également une brève discussion de l'échocardiographie transthoracique telle qu'elle peut être pratiquée par les spécialistes non-cardiologues. La description échocardiographique des pathologies cardiaques est l’objet des Chapitres 26 et 27.
© CHASSOT PG, BETTEX D. Mars 2010, Avril 2019; dernière mise à jour, Mars 2020
Références
Après une introduction à la physique des ultrasons, ce chapitre comprend une description de l’examen ETO normal et de ses applications pour le monitorage ou le diagnostic (fonction ventriculaire, volémie, calculs hémodynamiques), ainsi qu’une évaluation de son impact en chirurgie cardiaque, en soins intensifs et au déchocage. Il comprend également une brève discussion de l'échocardiographie transthoracique telle qu'elle peut être pratiquée par les spécialistes non-cardiologues. La description échocardiographique des pathologies cardiaques est l’objet des Chapitres 26 et 27.
Echocardiographie transoesophagienne |
L'ETO peropératoire est d'un grand apport sur plusieurs points: - Diagnostic différentiel d'une instabilité hémodynamique réfractaire - Monitorage hémodynamique: anatomie fonctionnelle, fonction ventriculaire, volémie, ischémie - Applications spécifiques à la chirurgie cardiaque: évaluation de la correction chirurgicale, placement de canules et de prothèses, débullage - Mise en place et surveillance d'assistance ventriculaire - Enseignement et recherche |
© CHASSOT PG, BETTEX D. Mars 2010, Avril 2019; dernière mise à jour, Mars 2020
Références
- BETTEX D, CHASSOT PG. Echocardiographie transoesophagienne en anesthésie-réanimation. Masson, Williams & Wilkins, Paris 1997, 454 p.
- MAHMOOD F, MATYAL R, SKUBAS N, et al. Perioerative ultrasound training in anaesthesiology. A call to action. Anesth Analg 2016; 122:1794-804
- MAHMOOD F, SHERMAN SK. Perioperative transesophageal echocardiography: current status and future directions. Heart 2016; 102:1159-67
- MATSUMATO M, OKA Y, STROM J, et al. Application of transesophageal echocardiography to continuous intraoperative monitoring of left ventricular performance. Am J Cardiol 1980; 46:95-105
- PANDIAN NG, NANDA NC, SCHWARTZ SL, et al. Three-dimensional and four-dimensional transesophageal echocardiography imaging of the heart and aorta in human using a computed tomography imaging probe. Echocardiography 1992; 9:677-87
- SCHLUTER M, LANGENSTEIN BA, POLSTER J, et al. Transoesophageal cross-sectional echocardiography with a pased-array transducer system. Technique and initial clinical results. Br Heart J 1982; 48:67-72